Il ne s’agit pas du thème le plus traité ici, mais figurez-vous que je suis un lecteur acharné de H.P. Lovecraft, un des maîtres de la littérature fantastique, créateur du mythe de Cthulhu, du Necronomicon et de son auteur, Abdul al-Hazred, dit l’Arabe fou, inspirateur des plus grands, au premier rang desquels Stephen King, dont l’influence reste immense, de Metallica à Indiana Jones, et qui, adaptée avec talent, a conservé toute sa force.
Bien sûr, Lovecraft était un xénophobe obsessionnel, antisémite répugnant comme ils le sont tous, et il était probablement complètement cintré, mais son œuvre reste passionnante, riche et par bien des aspects sans une ride. L’univers qu’il a créé, dans une Nouvelle Angleterre mystérieuse, faite de légendes inquiétantes, de villes louches et de ruines plus que suspectes, est de ceux dans lesquels on aime à se perdre en redoutant à chaque coin de ruelle une rencontre fatale et dans chaque bar de marins les confidences terrifiantes d’un vieux type qui en a trop vu.
Tout n’est évidemment pas immortel dans les dizaines de romans, nouvelles et autres récits qu’il a laissés. Au début des années 90, la publication dans la collection Bouquins d’une tentative d’intégrale en trois tomes avait donné une somme indigeste, impossible à lire mais d’une grande utilité pour les scénaristes de jeu de rôle. Il est plutôt recommandé de se procurer les éditions de poche ou, si vous voulez investir dans un bel objet, le volume que la Bibliothèque de la Pléiade vient de consacrer au cher homme.

La richesse de l’œuvre de Lovecraft, comme pour Tolkien ou Herbert, ne saurait cependant être cantonnée aux textes. Le foisonnement des lieux et des objets ne pouvait qu’inspirer des esprits aux doigts d’or et c’est ainsi qu’est né l’Atlas Lovecraft, publié il y a quelques jours aux éditions Bragelonne et que nous devons à Laurent Gontier et Alain T. Puysségur.
Livre magnifique, cet atlas rassemble des cartes de lieux fictifs, jaunies, annotées, comme si on les avait trouvées au cadastre de la mairie de Providence ou dans les travées de la bibliothèque de l’université de Miskatonic, à Arkham. On reconnaît là la patte de Laurent Gontier, spécialiste de la confection documents et objets graphiques narratifs dont on aimerait voir un jour le travail sur un plateau de tournage puis à l’écran.

L’ensemble est remarquablement agencé dans ce livre qui promet d’être indispensable aux admirateurs de Lovecraft comme à ceux qui aiment, comme votre serviteur, voir les textes prendre vie.