« And here I lay, lay, oh Lord/And here I lay, lay, now » (« A Life (1895 – 1915) », Mark Hollis)

Certains livres frappent particulièrement par la clarté de leur propos tout autant que par leur intérêt et leur pertinence. C’est le cas du Verdun – 1916 de Michaël Bourlet, publié chez Perrin dans la prestigieuse collection Champs de bataille.

Ancien officier de l’Armée de terre, notamment affecté au Service historique de la Défense, docteur et agrégé en histoire, Michaël Bourlet est un esprit éclairé qui travaille depuis une éternité ou pas loin sur la Première Guerre mondiale. Il a même tenu un blog, désormais en sommeil, qu’il est pourtant conseillé de fréquenter car on ne perd jamais son temps à lire ou à relire des textes intelligents.

Plus d’un siècle après la bataille, il pouvait sembler vain d’écrire à nouveau sur ce symbole ultime de la Der des der. L’affrontement a été étudié, disséqué, objet de controverses, et son empreinte dans la mémoire européenne, voire mondiale, reste immense. Michaël Bourlet relève pourtant le défi et offre ici une synthèse limpide, rappelant le contexte, décrivant les combats en conjuguant vision d’ensemble et situation tactique, expliquant les enjeux militaires mais aussi politiques en France comme en Allemagne avant de mesurer la force du symbole qu’est devenue la bataille de Verdun.

Le livre de Bourlet, jamais scolaire, relate précisément les phases de la bataille et décrit les pertes humaines colossales subies dans les deux camps. Les sacrifices des uns et des autres auront les conséquences que l’on sait après la guerre, et c’est un des mérites du travail de l’auteur de ne pas s’arrêter à la fin des combats mais de prolonger son étude et d’identifier encore les échos de Verdun en Europe.

On ne saurait trop conseiller la lecture de ce livre qui, malgré son sérieux et sa sobriété, fait régulièrement naître l’émotion en rapportant le courage et l’abnégation des soldats.